Aranthell est née et travaille à Paris. Après un parcours en Arts appliqués, c’est à la Sorbonne qu’elle effectue un double cursus en Sciences de l’Art.
Durant ce parcours, elle croise les écrits d’Arthur Danto qui cultiveront son intérêt pour certains aspects du Pop Art, au sens strict de l’Art ancré dans un environnement populaire, banal et quotidien, qu’elle décide d’intégrer dans ses propres productions. Elle reprend également la notion d’Infra-ordinaire imaginée par Georges Perec, qui consiste en la saturation d’éléments communs dans un champ de vision en mouvement : leur foisonnement est tel qu'il est impossible de les appréhender dans leur globalité.
Ses œuvres sont le résultat d’une longue réflexion : «comment rendre compte, interroger et décrire les éléments communs ? Comment représenter le banal, celui que les yeux voient, sachant pertinemment qu’il est impossible d’en rendre compte dans son entier ? Où commence et où s’arrête le banal, comment le cerner, comment le définir ? »
Influencée par les Hyperréalistes, elle tient à rendre sa part de réalité à l’image qu’elle dépeint, même si sa démarche ne vise pas la reproduction ou l’artefact : de l’imitation, elle tente de basculer vers une « Peinture-objet », de rendre palpable une couche picturale, notamment en repensant le rôle du cadrage. Par ce biais, elle appelle à une conception différente de la peinture. De cette volonté naissent naturellement depuis peu sur ce même thème de nouveaux travaux orientés sur la notion d’espace, de volume ou de temps, grâce aux médiums de la vidéo ou de l’installation.
Aranthell œuvre également dans la Bande dessinée, ce qui influe largement sur l’attention qu’elle porte à cette notion de cadrage ainsi qu’au sens même de ses propres images. C'est un moyen d'expression qu'elle juge complémentaire à celui de la peinture, on retrouve d’ailleurs les influences d'un certain quotidien dans ses représentations. Cependant, les plans et jeux graphiques de ses planches ainsi que les ambiances qu'elle donne à voir renvoient d'avantage à un univers inscrit dans la lignée de Roald Dahl ou encore Franz Kafka, qu'elle considère comme figure de proue dans l'art de la narration.
Les objets sont le moteur de notre quotidien. Fonctionnels ou inutiles en apparence, ils deviennent primordiaux dans des moments extrêmes et agissent sur nous comme des rappels de notre propre histoire.
Réalisée dans le cadre d’une résidence à l’Abri Mémoire au mois de février dernier, Histoire avec une grande Hache est une œuvre qui se nourrit de cette idée de l’objet, tout en s’articulant autour des notions de guerre, de paix, d’individualité et de quotidien.
À la fois exposition et catalogue, ce projet prend la forme d’une bande dessinée d’une vingtaine de planches, mariant les éléments les plus classiques de ce médium tout en pensant une nouvelle construction du récit, notamment à travers une lecture par système de double pages bilingues, illustrant à la fois le camp français et le camp allemand sur une même toile de fond.
Ayant mené un atelier avec la classe de CM1-CM2 de l’école de Steinbach, l’artiste à souhaité confier aux élèves la réalisation d’une case en couleur par planche, chacune dédiée à un objet particulier et propre à la vie des tranchées, comme pour opérer un zoom sur leur aspect autant qu’un temps de respiration intégré dans un récit de fiction en noir et blanc.
L’échelle de l’objet vise à rassembler deux camps finalement identiques sous cet angle : le point de vue est focalisé sur un détail si insignifiant que l’on en oublie les circonstances. Des hommes (sur)vivent, construisent, reproduisent une société avec les attributs et les activités qui lui sont propres.